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Friday, May 13, 2005:

For those who can read French, from today's Libération:

ddie Barclay, la note finale

Grande figure du show-business à la française, Eddie Barclay est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à Paris à l'âge de 84 ans • Il avait découvert Claude Nougaro, Mireille Mathieu ou encore Dalida et importé des Etats-Unis le microsillon qui a fait sa fortune •

Par Nidam ABDI

vendredi 13 mai 2005 (Liberation.fr - 13:56)



ux jeunes adeptes du téléchargement sur le Net, il laisse l'image d'un vieux tombeur de nanas à Saint-Trop, ami des Sardou, Carlos, Mireille Mathieu et Charles Aznavour... Pour les vieux amateurs du disque, il restera le producteur de musique populaire le plus efficace de la deuxième moitié du XX siècle.
Pourtant, Eddie Barclay (de son vrai Edouard Ruault), qui s'est éteint jeudi soir à 84 ans, n'était que le fils d'un bougnat venu de sa lointaine Auvergne, pour tenir un café à Paris, en face de la Gare de Lyon. Nous sommes dans les années 30, et les Ruault ont deux fils. L'aîné fera des études et deviendra un ponte de la fonction publique française. Le plus jeune ne décolle pas, et on lui prédit un avenir de serveur dans l'établissement familial. Mais à l'aube de la deuxième guerre, l'adolescent commence à en pincer grave pour le jazz.

Edouard, beau garçon élancé à la mèche qui tombe, succombe au charme de la négritude venue de l'Amérique. Il tripatouille la radio familiale et court les disquaires à la recherche des sons d'outre-Atlantique. Il se met au piano sans connaître le solfège, organise les premières boums. La guerre se rapproche, mais lors des soirées dans des clubs, il entraîne des musiciens à venir le rejoindre sur scène. En cela il est le père de la fusion, lorsqu'il réussit à réunir un créole (Henri Salvador), un gitan (Django Reinhardt) et deux jeunes parisiens (Boris Vian et Moustache).

Durant la guerre, Eddie Barclay mènera une résistance particulière. Au risque de se faire embarquer par les flics de l'Occupation, il multiplie des soirées clandestines de jazz, dans des caves et même dans le café des parents. L'arrivée des Alliés à Paris va lui permettre de se rebaptiser Eddie Barclay et d'ouvrir le Barclay's club. C'est l'époque où Eddie voit arriver dans son club des Lionel Hampton et autres maîtres du jazz. C'est aussi le moment où la chanson française, et particulièrement à texte, est minée par la culpabilité de la guerre. Eddie Barclay n'a qu'une idée en tête: comment marier la modernité musicale du jazz avec le terreau français. En 1949, le pianiste se transforme en producteur de disque, et croit trouver sa première star franco-américaine en la personne d'Eddie Constantine.

Déjà, les femmes –il en épousera huit– jouent un premier rôle dans ses affaires, notamment à l'administratif. Aux débuts de son premier label, «Blue Star», il circule en motocyclette à Paris, avec femme et cartons de disques à l'arrière. Un jour de 1955, Nicole Barclay reçoit un coup de fil des Etats-Unis. Un nouveau support de musique vient d'être découvert. Eddie saute dans l'avion et revient avec un procédé de restitution sonore révolutionnaire: le microsillon. Avec le 33 tours et le 45 tours, il devient le roi des producteurs. Les stars noires américaines succombent au charme de ce dandy. Quincy Jones dira: «c'est le plus grand». La maison de disque Barclay prend de l'essor et Eddie aide tout ceux qui défendent le jazz, notamment Daniel Filipacchi (il a commencé comme photographe chez Barclay) et Frank Ténot pour la presse, Lucien Meurisse pour la radio, Bruno Coquatrix pour le spectacle vivant.

Au tournant des guerres coloniales, Eddie Barclay faillit ne pas voir venir le rock. Il réussit tout de même à s'accrocher et pousse le genre rebelle à épouser la variété française. Son flair cosmopolite lui fera dénicher une opulente Orientale, appartenant à la communauté italienne du Caire. Grâce à lui, Dalida fait une entrée fracassante dans la chanson française. C'est l'époque où les ventes du jazz déclinent et Eddie sacrifie sa passion pour la variété, tout en convaincaint Jacques Brel et Léo Ferré de rejoindre son catalogue. En 1967, il lui semble que la chanson française marque le pas en terme de créativité. Pour créer l'électrochoc, il organise, dans un milieu où le sens du collectif n'existe pas, un séminaire d'auteurs et de compositeurs. Moment historique, où toutes les plumes et compositeurs de France se réunissent dans un château non loin de Paris.

Puis viennent les années 70 et le flair Barclay ne fait plus les succès. Brouille avec quelques artistes, mort de Jacques Brel... Barclay profite de mouvements dans l'industrie du disque pour céder sa maison à Polygram (aujourd'hui c'est Universal Music qui possède Barclay). Un cancer de la gorge, en 1979, l'oblige à prendre du recul. Il choisit, avec l'argent gagné grâce à la vente de son label, de s'installer dans une splendide propriété à Saint-Tropez. Mais le père du show-biz français ne pouvait rester seul. Dans sa retraite, il continue à multiplier les conquêtes et à ouvrir sa table au ghota du show-biz mondial. Son décès est survenu à l'hôpital Ambroise-Paré, à Paris, où il avait été admis il y a deux semaines.

Tosh // 9:05 AM
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